Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a réuni son gouvernement pour faire le point sur l’avancement des projets de construction et de modernisation des ports du pays. Cette réunion illustre la place centrale que le secteur portuaire occupe dans la stratégie nationale de développement économique et logistique.

Un réseau portuaire en transformation

Depuis quelques années, l’Égypte investit massivement dans ses infrastructures maritimes. Le pays dispose déjà d’une position géographique stratégique grâce au canal de Suez, par lequel transite environ 12 % du commerce mondial. Les nouvelles extensions visent à faire de l’Égypte non seulement un point de passage, mais aussi une plateforme logistique et industrielle régionale.

Les projets phares passés en revue

Lors de la réunion, le chef de l’État a été informé de l’avancée de plusieurs chantiers stratégiques :

• Le nouveau port de Gargoub : situé à l’ouest d’Alexandrie, il sera accompagné d’une zone économique spéciale, destinée à attirer les investissements industriels et logistiques.
• L’extension du port d’Abou Qir : projet majeur sur la Méditerranée, avec un rôle accru pour l’industrie navale et le commerce régional.
• Le terminal de vrac liquide du port Est de Port-Saïd : infrastructure clé pour renforcer la compétitivité du canal de Suez et capter davantage de flux pétroliers et chimiques.
• La marina touristique d’Al Galala : sur la mer Rouge, dédiée au tourisme de croisière et à la plaisance.
• La réhabilitation du port de Bérénice : situé au sud de la mer Rouge, il renforcera la desserte des zones frontalières et militaires.

Intégration avec les autres infrastructures

Le président Al-Sissi a insisté sur la nécessité d’intégrer les projets portuaires aux réseaux ferroviaires et routiers modernes en construction. Le chemin de fer électrique, les monorails et les nouvelles autoroutes doivent permettre de connecter rapidement les zones industrielles aux ports, réduisant ainsi les coûts logistiques.

Cette intégration multimodale est présentée comme un levier majeur pour attirer les investisseurs étrangers et renforcer la compétitivité des exportations égyptiennes.

Un enjeu géopolitique et économique

Pour l’Égypte, moderniser ses ports ne relève pas seulement de l’économie, mais aussi de la géopolitique. En rivalisant avec des hubs comme Dubaï, Tanger Med ou Djibouti, le pays ambitionne de consolider sa position de plateforme incontournable entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie.

« Le canal de Suez est un atout unique, mais il doit s’accompagner d’infrastructures modernes pour capter et retenir davantage de valeur ajoutée », souligne Karim Farouk, analyste en commerce international basé au Caire.

Défis à relever

Malgré ces ambitions, plusieurs défis persistent :

• Financement : la réalisation simultanée de nombreux chantiers nécessite d’importants capitaux publics et privés.
• Gestion : garantir la transparence et l’efficacité dans l’exécution des projets.
• Compétitivité : face à la concurrence régionale, l’Égypte doit veiller à offrir des services logistiques de qualité à des coûts compétitifs.

Conclusion

Le suivi rapproché du président Al-Sissi témoigne de l’importance stratégique des ports dans la vision économique égyptienne. En combinant investissements portuaires, développement industriel et modernisation des transports, l’Égypte espère consolider son rôle de carrefour du commerce mondial.

Le succès de cette stratégie dépendra de la capacité du pays à transformer ses ambitions en réalisations concrètes, dans un contexte régional hautement concurrentiel.