Afrique du Sud : Transnet mise sur un terminal GNL à Richards Bay malgré une dette colossale

L’entreprise publique sud-africaine Transnet, gestionnaire du réseau ferroviaire et des principaux ports du pays, vient d’officialiser un projet majeur : la construction d’un terminal d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) au port de Richards Bay. Ce projet, estimé à 7 milliards de rands (environ 385 millions de dollars), a été confirmé le 21 août à travers la signature d’un protocole d’accord avec le régulateur de l’énergie, la NERSA (National Energy Regulator of South Africa).

Une décision stratégique malgré les finances fragiles

Transnet traîne une dette abyssale de près de 130 milliards de rands. Cette situation a déjà suscité de nombreuses inquiétudes sur sa capacité à investir et à moderniser ses infrastructures. Pourtant, le gouvernement sud-africain, principal garant de l’entreprise, considère ce projet comme stratégique pour la sécurité énergétique du pays.
Avec ce terminal, l’Afrique du Sud, encore largement dépendante du charbon, espère diversifier son bouquet énergétique et sécuriser ses approvisionnements.

Le premier terminal GNL du pays

Il s’agira du premier terminal d’importation de GNL en Afrique du Sud, une première étape décisive pour accompagner la transition énergétique du pays. Ce terminal viendra alimenter le programme « Gas-to-Power », qui prévoit de développer 6 000 MW de capacité électrique à partir du gaz naturel dans les prochaines années.

Le choix de Richards Bay n’est pas anodin. Situé sur la côte est, ce port est l’un des plus importants d’Afrique du Sud, spécialisé dans l’exportation de vracs solides, notamment le charbon. L’implantation du terminal GNL vise à rééquilibrer son activité en l’ouvrant aux importations énergétiques.

Un projet inscrit dans une modernisation plus large

Le terminal GNL s’intègre à un vaste plan de 5,7 milliards de dollars de modernisation des ports sud-africains, incluant Durban et Richards Bay.
Les priorités sont multiples :

  • Augmenter la compétitivité logistique,
  • Réduire les temps d’escale,
  • Améliorer les infrastructures d’accueil des navires de grande capacité.

Ce programme, soutenu par des investisseurs privés, reflète la volonté du gouvernement de faire des ports sud-africains des plateformes régionales plus attractives dans un contexte de forte concurrence en Afrique australe et sur l’océan Indien.

Un pari risqué mais nécessaire

Certains économistes alertent néanmoins sur le risque d’endettement accru de Transnet. L’entreprise peine déjà à honorer ses engagements financiers et dépend largement des subventions de l’État. « Chaque nouvel investissement doit être scruté à la loupe, car l’endettement est devenu insoutenable », souligne Sipho Dlamini, analyste en infrastructures basé à Pretoria.

Pour d’autres, ce projet est incontournable. Le GNL offre une alternative plus propre que le charbon, et sa disponibilité sur le marché mondial (États-Unis, Qatar, Mozambique) pourrait stabiliser l’approvisionnement énergétique du pays.

Des implications régionales

Au-delà de la dimension nationale, le terminal de Richards Bay pourrait aussi servir de hub énergétique pour l’Afrique australe. Des pays voisins comme le Botswana, le Lesotho ou le Zimbabwe, confrontés à des pénuries d’électricité récurrentes, pourraient bénéficier d’une partie des importations sud-africaines de GNL.

L’Afrique du Sud se positionnerait ainsi comme un acteur central du marché régional du gaz, renforçant son influence économique et géopolitique.

Un test de gouvernance pour Transnet

La réussite de ce projet reposera avant tout sur la gouvernance. Les retards et les scandales de corruption qui ont marqué certains projets passés de Transnet pèsent encore lourdement sur sa réputation. Le gouvernement a promis une gestion « transparente et rigoureuse » de ce chantier, avec un suivi rapproché de la NERSA et du Trésor national.

Pour de nombreux observateurs, le terminal GNL de Richards Bay sera donc un test grandeur nature : s’il est mené à bien, il pourrait restaurer la crédibilité de Transnet et du gouvernement sud-africain dans leur capacité à exécuter des projets structurants.

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