Port-Louis : la Cargo Handling Corporation trace un plan de relance pour hisser Maurice au rang de hub régionalPort-Louis (Île Maurice), 25 août 2025.
La Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL), principal opérateur du port de Port-Louis, a dévoilé un ambitieux plan quinquennal destiné à moderniser ses infrastructures, améliorer la productivité et repositionner Maurice comme un hub maritime incontournable dans l’océan Indien. Présenté le 21 août, ce plan intervient dans un contexte où la concurrence régionale s’intensifie, notamment avec le développement des ports de Durban, Mombasa ou encore Djibouti.
Le port de Port-Louis, unique port commercial de l’île, concentre près de 99 % des échanges de marchandises de Maurice. Il constitue à la fois un point d’entrée pour les importations vitales (carburants, denrées alimentaires, biens de consommation) et une porte de sortie pour les exportations, notamment les produits textiles, le sucre et les produits de la mer.
Sa modernisation est jugée stratégique : selon les projections, le trafic conteneurisé pourrait atteindre 1,1 million d’EVP d’ici 2030, contre environ 650 000 EVP actuellement.
La CHCL a articulé son plan quinquennal autour de trois grands axes :
Si le port de Port-Louis occupe une position stratégique au carrefour des routes maritimes reliant l’Asie, l’Afrique et l’Europe, il fait face à une compétition croissante.
Dans ce contexte, Maurice cherche à capitaliser sur sa stabilité politique, son cadre réglementaire favorable et sa réputation de place financière internationale pour attirer davantage de flux de transbordement.
Le plan de modernisation dépasse les seules considérations logistiques. Il s’inscrit dans une vision plus large de positionner Maurice comme un hub maritime et logistique régional.
Pour l’économiste mauricien Jean-Luc Ah-Teck :
« Un port moderne, efficace et digitalisé permettra à l’île de renforcer son rôle d’intermédiaire entre l’Afrique et l’Asie. Cela créera non seulement des emplois directs, mais attirera aussi des investissements dans la logistique, la distribution et même l’industrie. »
De plus, dans un contexte où la sécurité des chaînes d’approvisionnement est devenue cruciale, disposer d’un port compétitif est un facteur de souveraineté économique. Les récents blocages sur certaines routes maritimes internationales ont rappelé la vulnérabilité des petites économies insulaires.
Le secteur privé mauricien, très dépendant des importations, accueille favorablement ce plan. Pour les importateurs, l’enjeu principal est la réduction du temps de dédouanement et la fluidité logistique. Plusieurs entreprises textiles et agroalimentaires, qui exportent vers l’Europe et les États-Unis, insistent sur la nécessité de garantir la ponctualité des livraisons afin de rester compétitives face aux géants asiatiques.
De son côté, l’Association des transitaires de Maurice souligne l’importance d’une meilleure interopérabilité entre la douane, la CHCL et les compagnies maritimes.
Malgré l’enthousiasme suscité, plusieurs défis se posent :
Un ancien directeur du port confie :
« La clé, ce sera la gouvernance. Un plan sur le papier, tout le monde sait en faire. Mais son exécution exige rigueur, transparence et leadership. »
Le port de Port-Louis a toujours été un acteur central dans l’histoire de l’île, depuis l’époque coloniale jusqu’à aujourd’hui. Avec ce plan quinquennal, la CHCL ambitionne de franchir une nouvelle étape et d’aligner Port-Louis sur les standards internationaux.
S’il est mené à bien, ce programme pourrait transformer l’île en plateforme maritime et logistique régionale, générant de nouvelles opportunités pour l’économie mauricienne et renforçant sa résilience dans un monde où la compétitivité portuaire est devenue un levier essentiel de développement.